Apprend-on mieux avec un tutoriel vidéo ?

Le 21 juillet 2017 à 15h25

Certains vous diront que lorsqu’ils cherchent à se former, il leur est beaucoup plus simple de suivre un tutoriel en ligne : c’est gratuit, on reste chez soi et on le suit au rythme qu’on veut ! En tant que concepteur de formations, il m’a paru important de se pencher sur le sujet : apprend-on mieux avec un tutoriel ?

Tutoriel : bébé de l’informatique

Un tutoriel est un guide d’apprentissage principalement vidéo animé par un « tuteur » (d’où son nom 🙂 ). Il est  apparu à l’origine pour aider les utilisateurs novices à se former de manière autonome à l’utilisation d’un logiciel, à un langage de programmation ou à des jeux interactifs (les ados adorent suivre les experts en jeux vidéos !). Le terme « tutoriel » est aujourd’hui employé pour toute activité expliquée via vidéo ou process écrit : le bricolage, la mécanique, la cuisine, le jardinage, les loisirs créatifs…

Pour toutes ces situations, on enseigne pas à pas comment réaliser une tâche à des utilisateurs considérés comme débutants dans le domaine concerné.

Comment se déroule un tutoriel ?

La principale motivation des personnes qui recherchent une information sur un tutoriel est de trouver LA SOLUTION qu’il leur faut en un minimum de temps, c’est pourquoi un bon tutoriel vidéo est toujours court (moins de 4 minutes. On retrouve ici le principe du micro learning).

Question d’impact, les images et vidéos couplés d’une voix off y sont plus essentiels que la bouille du tuteur.

La personne qui visionne le tutoriel répète les gestes et mémorise les étapes suivies par le tuteur. Le tutoriel peut parfois être complété d’un forum aux questions.

Qui réalise des tutoriels ?

Ce n’est pas un hasard si de nombreux blogueurs diffusent leurs propres tutoriels : ceux-ci ne coûtent rien (hormis le temps de réalisation) et permettent :

  • d’affirmer son autorité dans un domaine,
  • d’améliorer son référencement et développer sa communauté

Par principe, visionner un tutoriel est gratuit, et la majorité des tutoriels est diffusée via You Tube.

Parmi les enregistreurs d’écran/éditeurs vidéos les + souvent utilisés pour réaliser un tutoriel : Camstudio (gratuit), Camstasia (payant), screencast o matic (version de base gratuite). Tous permettent au tuteur d’enregistrer sa voix.

Il existe également des solutions telles que https://fr.peoplbrain.com/ qui offrent la possibilité de concevoir directement en ligne son tutoriel.

Pour être efficace, un tutoriel doit être décomposé pas à pas

Les écueils des tutoriels

1ère difficulté pour qui cherche un tutoriel : identifier son besoin de formation. Lorsqu’on débute dans un domaine, il est difficile de savoir comment hiérarchiser les connaissances à acquérir. Exemple : une personne qui veux apprendre par elle-même à réaliser des newsletters  doit-elle commencer par savoir créer un fichier de données clients sur tableur ? Par exporter un fichier ? Par la rédaction d’articles SEO ? Par la compression d’images ? Par l’identification d’une solution d’e-mailing ? Pour cette raison, la plupart des personnes qui apprennent par tutoriel possèdent une réelle capacité à identifier leurs besoins en amont.

 

2nde difficulté : choisir LE bon tutoriel. Nous avons tous le souvenir de la recherche hasardeuse d’une formation précise.  Et quand, enfin, on pense avoir trouvé son bonheur, on se heurte souvent à l’un des problèmes suivants :

  • Le tutoriel est trop long et on doit accélérer la vidéo pour dénicher l’info,
  • Le sujet traité n’est pas celui qui était annoncé,
  • Le tutoriel est daté et la version démontrée est obsolète,
  • Le son ou l’image sont de très mauvaise qualité,
  • Le discours du tuteur est trop technique, ou trop impérieux, ou trop hésitant, ou trop souvent soporifique.

Tous ces points nous font perdre du temps, et comme je l’ai évoqué plus haut, le gain de temps est bien la première raison pour laquelle on recherche un tutoriel. Malheureusement, de nombreux tutoriels sont affichés sous un titre identique pour des contenus très différents. (Je pense à la recette de la tarte au citron, mais c’est le cas pour beaucoup d’autres sujets !).

Un tutoriel efficace répond essentiellement à un besoin précis ; il se rapporte en cela à une capsule pédagogique : une séquence courte qui traite un unique point.

L’objet doit être bien défini, le tutoriel sera alors d’autant plus aisé à trouver (enfin, sauf si le tuteur souhaite obtenir de l’audience plutôt que répondre à des besoins précis 🙂 ). Par exemple :  on ne dira pas changer un joint de culasse mais Comment changer le joint de culasse d’un moteur de Peugeot 206 ? ni comment faire sa propre newsletter mais Comment créer un template personnalisé de newsletter pour Sendinblue ?…

 

3ème difficulté : La mémorisation à court terme. Un tutoriel est efficace si on peut mettre en application simultanément la démonstration du tuteur. Mais la rétention de l’information n’est jamais garantie. Une participante à une formation m’a avoué un jour : « Sur Excel, je n’ai besoin d’utiliser les macros au travail que deux fois par an. Je ne cherche même plus à retenir la façon de le faire : Quand j’en ai besoin, je cherche un tuto et je me laisse guider !« . Il a depuis longtemps été prouvé en sciences de l’Education qu’on retient mieux ce qu’on fait que ce que l’on voit, et encore mieux ce que l’on refait sans revoir (ça le fait ?). Le visionnage d’un tutoriel qui n’est suivi que d’une seule action n’entraîne pratiquement aucune rétention de l’information.

Tutoriel : un apprentissage par mimétisme

L’apprentissage par mimétisme est efficace sous 2 conditions : pouvoir s’identifier à l’exécutant et être capable d’observer les erreurs plutôt que la tâche parfaitement réalisée (une étude de l’INSERM a fait l’actualité sur ce point en  2014 ). Mais un apprenant est-il toujours en mesure de déceler les erreurs d’un tuteur ?

Un tutoriel, en raison de ses étapes successives, s’apparente à une pédagogie par objectifs. Il est indispensable que les étapes soient décomposées pas-à-pas, car sinon l’apprenant sera vite perdu.

Le schéma d’apprentissage d’un tutoriel est donc très classique : on observe le « maître », puis on applique la leçon. Ensuite, une fois que cette étape est réussie, on passe  à un nouveau palier. On ne sort donc pas du modèle classique d’apprentissage. Un modèle qui, soit dit en passant, n’est pas franchement motivant pour un apprenant. Peut-être faut-il voir là la raison du fort taux de déconnexion en cours de tutoriel ?

Pour conclure : une posture d’apprentissage particulière

Délivrer de l’information n’est pas former. Une formation passe par une démarche de mise à plat de ses représentations sur un sujet, puis de tâtonnement et d’applications, et enfin de retour sur sa réalisation avant de construire collectivement ses connaissances : on apprend donc mieux sur un forum qu’avec un tutoriel (car sur un forum on peut interagir avec les autres et confronter/échanger ses savoirs).

Le tutoriel convient cependant tout à fait à des habitués de l’autoformation capables d’identifier leurs besoins, de sélectionner le tuto le plus pertinent et de prendre de la distance avec le tuteur, quitte à changer de tuto en cas de doute sur la qualité des infos.

On peut dire sans hésiter qu’il existe des postures particulières pour apprendre à l’aide de tutoriels (identification de ses besoins/recherche de l’information/critique/mise en application), et que la principale est d’être acteur de sa formation. Mais n’est-ce pas là une condition pour tout acte de formation,  qu’il se réalise derrière un écran ou en présentiel ?

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